Recharge à domicile : quelles solutions pour son véhicule électrique ?
Recharge à domicile : quelles solutions pour son véhicule électrique ?
Avec la loi LOM qui impose aux flottes privées d’atteindre 20% de véhicules électriques à partir du 1er janvier 2024 et 40% à partir de 2027 ou encore l’entrée en vigueur des zones à faibles émissions (ZFE), difficile pour les entreprises de ne pas mettre la question de la recharge sur la table. Praticité, coûts, fiscalité, départ des collaborateurs, autant de problématiques qui cultivent le flou autour des solutions qui existent. Débroussaillons ensemble le terrain.
Schématiquement, trois grandes solutions de recharge existent :
Si ces solutions présentent chacune leurs avantages et leurs inconvénients, la recharge à domicile se présente comme un très bon moyen d’assurer la transition électrique d’une flotte. Déclinable en fonction des habitudes et du type de logement du collaborateur, génératrice d’économies, elle mérite une analyse plus détaillée pour mettre en lumière ses nombreuses qualités. Posons un regard objectif sur ce type de solution.
1. Une solution adaptable aux différents besoins d’autonomie des véhicules
Petits ou grands rouleurs, la solution de recharge à domicile se décline pour répondre aux besoins de chaque collaborateur. Distinguons ainsi les « petits rouleurs », qui parcourent moins de 150 km par jour (qui ont un besoin de charge similaire aux utilisateurs de véhicules hybrides rechargeables), et les « gros rouleurs » qui en parcourent davantage.
- Le smart câble : suffisant pour les petits
Pour les premiers, la recharge à domicile est la solution la plus simple et la plus efficace. Le collaborateur équipé d’un « smart câble » peut brancher son véhicule à une prise domestique dont la sécurité aura été préalablement vérifiée. Néanmoins, pour renforcer la sécurité de l’installation il est vivement conseillé d’installer une prise renforcée (type Green’up). Le « smart câble » est en mesure d’enregistrer les données de recharge du véhicule et les traiter dans un outil de gestion pour connaître le nombre de kWh utilisé et ainsi rembourser les collaborateurs. La puissance de cette installation semble faible mais elle est suffisante pour qu’une recharge nocturne assure l’autonomie du véhicule pour les potentiels 150 km journaliers parcourus. Aussi, contrairement à la borne de recharge à domicile qui peut générer des charges fiscales supplémentaires (voir supra), l’équipement du collaborateur d’un “smart câble” ne soulève pas cette problématique.
- La borne à domicile : nécessaire pour les grands
Pour les seconds, il est nécessaire d’installer - au domicile du collaborateur - une borne de recharge de 7,4 kW (suffisante pour une recharge nocturne puisqu’elle récupère environ 50 km par heure de recharge). Cette borne peut également être équipée d’un service de supervision et de maintenance pour assurer un remboursement et une assistance en temps réel. Une solution efficace pour des collaborateurs au kilométrage important mais qui suscite des craintes quant aux coûts et aux difficultés d’installation. Qu’en est-il vraiment ?
2. Une solution adaptable aux différents types d’habitats des collaborateurs
Qu’il faille opter pour le recours au “smart câble” ou à l’installation d’une borne domestique, la question du type d’habitation du collaborateur est centrale.
- La recharge en maison individuelle : aucune difficulté
L’installation d’une borne de recharge en maison individuelle ne présente pas de contrainte logistique ou règlementaire particulière : aucune autorisation n’est requise. Une simple vérification de l’équipement électrique du domicile est nécessaire.
- La recharge en habitat collectif : rien d’insurmontable
La loi assure au locataire ou au propriétaire d’un logement le droit d’installer une borne de recharge sans accord préalable de la copropriété : c’est le principe du « droit à la prise » énoncé dans le Code de la construction et de l’habitation. Seule la notification au syndic est nécessaire et ce dernier ne pourra refuser cette installation que sous deux motifs : si la vétusté des installations électriques de l’immeuble rend impossible la mise en place d’une borne ou si une convention est déjà en cours de négociation auprès d’un opérateur de bornes de recharge. Néanmoins, si l’installation nécessite des travaux lourds de maçonnerie ou d’électricité, un accord de la copropriété devra être reçu. Dans le cas d’une recharge sur « smart câble » en revanche, il est nécessaire d’obtenir l’accord de la copropriété d’installer une prise électrique avec un sous-compteur branché sur le tableau électrique des parties communes.
A noter que le récent décret “Enedis” pourrait grandement faciliter la prise de décisions en copropriété. En effet, Enedis propose de financer les frais d'installation et de raccordement d'une infrastructure collective dans le parking d'une copropriété. Les copropriétaires peuvent ensuite demander à se raccorder à cette infrastructure collective pour recharger leur voiture électrique depuis leur place de parking individuelle. Pour cela, ils devront verser une contribution au coût de l'infrastructure collective à Enedis. Ensuite, ils pourront installer une borne de recharge individuelle et souscrire un contrat de fourniture d'électricité auprès du fournisseur de leur choix.
3. Une solution attractive en termes de gestion des coûts
Si la solution de recharge à domicile nécessite parfois, contrairement à un système de recharge publique, une sortie de trésorerie au moment de l’installation, elle offre non seulement un meilleur TCO dès quelques mois d’utilisation mais elle a surtout l’avantage de présenter des coûts prévisibles et stables.
A ce stade, deux solutions existent et méritent d’être analysées :
- L’entreprise achète la borne et fait équiper le domicile du collaborateur
En termes de coûts, Il faut en effet compter 1200€ à 2000€ pour l’achat d’une borne auxquels s’ajoutent environ 200€ de frais d’installation (des frais légèrement plus élevés que pour une installation en entreprise) ou 200€ à 1000€ pour l’achat d’un “smart câble” (type Powerdale). En revanche, le coût du kWh est largement inférieur aux autres solutions : environ 0,18€ à 0,20€ pour la recharge à domicile contre 0,25€ pour la recharge en entreprise et 0,30€ à 0,80€ pour une recharge publique en fonction de la puissance.
Certaines ombres au tableau subsistent néanmoins : tout d’abord, cette solution peut présenter des risques pour l’entreprise dont la responsabilité peut-être engagée en cas de dommages ou d’accidents causées par la borne. Elle peut également représenter une charge de travail forte liée à l’installation chez les collaborateurs ou encore générer des tensions au moment du départ du collaborateur. Enfin, elle est génératrice d’avantages en nature que l’entreprise est tenue de déclarer et sur lesquelles elle devra payer des charges sociales et fiscales. Toutefois, cette solution est un moyen de valorisation RH fort pour le salarié (avantage compétitif d’une entreprise qui propose cette solution pouvant bénéficier également aux autres véhicules électriques du foyer, sentiment de valorisation par la prise en compte du confort du collaborateur, marque de confiance de la part de l’entreprise, etc.)
- L’entreprise loue la borne et fait équiper le domicile du collaborateur
Pour cette solution, les coûts sont très fluctuants. Ils dépendront du nombre de bornes de recharge à installer, de la structure du parc automobile ou encore de la puissance des bornes. Ces coûts, bien que souvent supérieurs à l’achat de la borne après quelques mois d’amortissement, ont l’avantage d’inclure l’assistance et l’entretien voire parfois le déménagement de la borne. Cette solution ne nécessite pas de sortie de trésorerie importante et présente des coûts stables chaque mois. Elle présente également l’avantage de limiter la responsabilité de l’entreprise par rapport à la solution d’achat. Néanmoins, comme l’achat de la borne, elle est également génératrice d’avantages en natures sur lesquels s’appliquent des charges pour l’entreprise.
Que l’on passe par une solution de location ou une solution d’achat, la question du remboursement des frais d’électricité engagés par le collaborateur au titre de la recharge de son véhicule reste la même. Ici aussi, deux solutions existent. L’entreprise peut appliquer un remboursement forfaitaire fixe pour tous ses collaborateur (en général environ 6,5€ par recharge) qui apparaîtra sur le bulletin de salaire. Néanmoins, cette solution ne devrait être que transitoire puisqu’elle peut être génératrice d’inégalités entre les collaborateurs et pourrait ne pas satisfaire entièrement à l’obligation posée par l’Urssaf de justifier des dépenses réelles engagées de la société. Ainsi, le mode de comptabilisation le plus efficace est le recours au “smart câble” ou à la borne de recharge connectée qui enregistrent les données exactes de consommation et permet de rembourser le collaborateur sur cette base.
Ainsi, malgré certaines contraintes notamment logistiques et organisationnelles à la mise en place de bornes de recharge au domicile de vos collaborateurs, cette solution mérite d’être considérée lors de l’électrification des flottes. En effet, praticité et confort pour le collaborateur, hausse de la productivité et optimisation du temps, outil de valorisation des salariés mais aussi outil de gestion et de prévisions des coûts sont autant d’avantages qui peuvent faire pencher la balance.